Le sanctuaire Pelagos en danger
Le Sanctuaire Pelagos est un zone située entre la Sardaigne, la presqu’île de Giens et le Fosso Chiarone en Toscane méridionale. Dans cet espace maritime de 87 500 km², on recense plus de 8 500 espèces animales représentant entre 4% et 18% des espèces marines mondiales, une biodiversité remarquable étant donné que la Méditerranée ne représente que 0,82% de la superficie des océans du monde.
Ce Sanctuaire est menacé.
Ci-dessous, le texte d’une pétition qui concerne cette menace:
OBJET : La Méditerranée, mer morte en devenir ?
Madame la Ministre,
Vous n’êtes pas sans savoirqu’un projet (presque confidentiel) va transformer l’île du Levant en un Centre d’Expertise et d’Essais en Mer Profonde (CEEMP). Le site a, en effet, été choisi pour sesultra-grands fonds (2.500 m) qui permettront l’installation de deux plateformes immergées à 1.300 et 2.400 m de profondeur pour l’exploration et l’exploitation de l’offshore profond. Il semble s’agir d’un Partenariat-Public-Privé (PPP) puisque la société Abyssea a concouru à l’appel à projets de l’Etat. Le Centre servira à ceux qui – comme la COMEX – développent des systèmes, engins et équipements sous-marins, mais aussi qui voudront aussi effectuer des tests et des démonstrations en grandeur réelle, sur la base des deux stations sous-marines. Ces dispositifs ouvriront surtout d’importantes perspectives aux industries pétrolières minièresqui opèrent à des profondeurs de plus en plus importantes et ont donc besoin d’expérimenter leurs nouvelles technologies en situation réelle.
Puisque la plateforme n°1 aurait dû être opérationnelle en octobre 2012, on peut – dès lors – se demander si la récente abrogation de la Zone de Protection Écologique par le Décret n° 2012-1148 du 12 octobre 2012 ne sous-entend pas l’aval de votre Gouvernement au projet initié en 2010, puisque la transformation en Zone Economique Exclusive autorise désormais la mise en place «d’îles artificielles et autres installations ou ouvrages».
Á quand l’étude d’impact et l’enquête publique autour de ce projet qui interpelle et inquiète tous les défenseurs de la «grande bleue» ? En effet, il met en grand danger, non seulement l’environnement, mais la faune pélagique exceptionnelle(baleines, cachalots, dauphins, tortues marines, etc…) en Méditerranée et particulièrement les cétacés quilocalisent leurs proies par émissions d’ondes spéciales et risquent d’être perturbés par les simulations acoustiques puisque “les échouages massifs de cachalots et baleines seraient bien dus à leur exposition à des sources sonores artificielles“.
Les cétacés – tels les requins ou les cachalots -qui fréquentent les grands fonds pour leurs chasses ou leurs courses migratoires seront désormais également exposés et en danger de détresse aigue, de même que seront menacés les écosystèmes des fosses abyssales d’une grande fragilité, jusqu’ici peu touchés par les activités humaines. De plus, on ne peut éluder que – dans la course aux énergies fossiles – les ressources d’hydrocarbures des grands fonds marins pourraient représenter cinq ans de consommation mondiale. Qu’adviendra t-il alors de la Méditerranée, une des mers déjà les plus polluées au monde, en cas de pollution par les hydrocarbures ou de disparition de sa biodiversité ? Mer presque fermée, on peut craindre que la Méditerranée soit ainsi en passe de devenirmer morte !
Aussi, nous défenseurs de l’environnement et de la mer Méditerranée, demandons – conformément à la Charte de l’environnement ( loi constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005) – qu’il soit procédé à l’étude d’impact et à l’enquête publique issue de la réforme entrée en vigueur le 1er juin 2012 par le Décret n° 2011-2019 du 29 décembre 2011 portant réforme des études d’impact des projets de travaux, d’ouvrages ou d’aménagements, et notamment eu égard à l’Annexe à l’article R122-2_10°) Travaux, ouvrages et aménagements sur le domaine public maritime et sur les cours d’eau.
Dans l’attente, nous vous prions de croire, Madame la Ministre, en l’assurance de notre très haute considération.
Pour les signataires :
Danièle Favari,
Juriste en droit et droit européen de l’environnement